Créée en 1983, la crèche touristique de Verbier a fêté ses 40 ans le 1er décembre 2023. Située aux Moulins, le cadre est idyllique, entre un grand jardin permettant aux enfants de jouer à l’extérieur et de beaux locaux garnis de multitudes de jouets. Sa fondatrice, Brigitte Tissières s’est toujours engagée avec cœur pour accueillir les enfants, en vacances ou de la région. Indépendante depuis le départ, elle apporte une approche personnalisée au fonctionnement de la crèche. Des qualités reconnues de tous. Interview.
Quelle est l’histoire de la Crèche des Moulins ?
Depuis mon plus jeune âge, mon souhait était de travailler avec des petits enfants. Après avoir étudié à Lausanne, pour devenir éducatrice de la petite enfance, j’ai décidé d’ouvrir une crèche à Verbier. Avec ma cousine, on a frappé à plusieurs portes : commune de Bagnes, école suisse de ski, office du tourisme. Toutes ces instances, nous ont découragées. À cette époque (1983), on nous expliquait que c’était aux mamans de s’occuper de leurs enfants.
Malgré tout, on a persévéré. Après une année de recherche de locaux, une opportunité de lieu s’est présentée : avec ma cousine, Marie-Françoise Gailland, dit Myon, nous avons ouvert la crèche des Schtroumpfs au chemin du Temple où nous sommes restées 20 ans.
En 2003, le chalet est vendu. La Conseillère Communale Raymonde Selz Rudaz, suite aux nombreuses demandes de ma clientèle a décidé de m’aider. La commune de Bagnes a mandaté L’Agence Guinnard pour construire un petit chalet en bois au bas de la piste des Moulins. En 2015, nouveau déménagement et nouvelle identité : la « crèche des Moulins » au rez-de-chaussée du Restaurant des Moulins.
Comment s’est déroulée l’évolution de la crèche depuis son principe ?
En 1983, nous étions la seule crèche présente à Verbier. La crèche communale a ouvert quelques années plus tard.
Je me suis constamment adaptée aux demandes et aux besoins de la clientèle touristique et locale. Au commencement, la crèche était ouverte seulement durant la saison hivernale et était fermée le dimanche. À la suite du déménagement au Moulin, j’ai ouvert durant la saison d’été. Au début, j’accueillais des enfants dès l’âge de 18 mois. Vu le nombre de demandes, j’ai décidé d’accepter les bébés dès l’âge de 3 mois.
Pourquoi avoir choisi la voie de l’indépendance, l’entrepreneuriat ?
L’indépendance dans mon activité professionnelle est un choix, qui me permet d’adapter ma pédagogie selon la fréquentation de la crèche.
Aujourd’hui, ma structure est considérée comme une crèche touristique. La Commune me soutient en m’accordant une subvention, car la nécessité d’une crèche pour accueillir nos petits hôtes est un plus pour la station de Verbier.
40 ans à la tête de ta propre crèche : est-ce une vocation ?
Je pense que c’est une vocation. Toutes les journées sont différentes, les enfants changent constamment. L’arrivée d’un enfant nouveau peut perturber le climat de la crèche et c’est à l’équipe éducative de développer des ressources pour retrouver un climat serein.
Je travaille avec une petite équipe qui participe à toutes les tâches, les arrivées et départs sont sous la responsabilité de la personne éducatrice.
La crèche, est-elle un mélange de touristes et de locaux ?
C’est une population très variée. Effectivement, les petits vacanciers venant du monde entier se mêlent aux locaux et aux enfants de saisonniers.
C’est très enrichissant et gratifiant de voir tous ses enfants d’âge bien différents jouer ensemble alors qu’ils ne parlent pas la même langue. De belles rencontres et de beaux échanges avec les parents.
Aurais-tu des anecdotes à nous raconter ?
Un jour, un papa est arrivé chercher sa fille et est reparti en oubliant son chien attaché devant la crèche.
Un autre jour, une petite fille du Continent africain de 16 mois arrive chez moi, habillée sous sa combinaison en mode été alors qu’il y avait 30 cm de neige dehors. La petite a fréquenté la crèche durant un mois.
Les portes de la crèche sont aussi ouvertes pour tous les enfants ?
Effectivement, j’ai accueilli des enfants présentant un autisme ou une petite fille nourrie à la sonde. Je suis pour l’intégration des enfants différents dans la mesure du possible.
Mon propre fils porteur de trisomie a grandi à la crèche, côtoyant des enfants normaux. Yannick a intégré l’école communale et le cycle de Bagnes avec un programme adapté. C’était précurseur à l’époque.
Comment cela se passe avec les parents ?
À l’arrivée, chaque nouveau parent remplit une carte d’inscription avec toutes les informations pour que son enfant passe une bonne journée.
J’essaie de respecter au mieux les habitudes des enfants. En fin de la première journée, on échange avec les parents et on adapte pour les jours suivants.
J’ai une ligne pédagogique et les parents y adhèrent facilement.
En quoi une crèche touristique demande une grande flexibilité ?
En vacances, je considère qu’ils doivent avoir la liberté d’organiser leurs vacances comme ils le souhaitent. Ma philosophie est que les enfants puissent aussi partager les joies de la neige avec leurs parents durant leurs vacances. Je demande une réservation, il m’indique leur date d’arrivée et de départ de la crèche. Ils organisent leur séjour sur place. Flexibilité et souplesse, c’est aussi pour ces raisons que ma structure rencontre du succès. À la fin de leur séjour, je réalise un décompte et ils paient les jours où les enfants ont fréquenté la crèche.
Quelles sont les activités pour les enfants ?
Nous avons la chance d’avoir un grand jardin dans lequel nous pouvons faire de la luge. Ces activités extérieures sont prioritaires pour les touristes. Nous faisons aussi des activités créatrices telles que la pâte à modeler, la peinture, des jeux éducatifs ou des chansons. L’été, nous organisons une petite piscine dans le jardin, un toboggan et des pique-nique sur l’herbe. Je collabore également avec le Kids Club situé au même endroit.
Quelles sont tes autres passions et tes prochains défis ?
Je pensais prendre ma retraite après 40 années de responsable de la crèche. Mais aujourd’hui, arrivée à cette date, je n’ai pas encore envie de fermer les portes de ma crèche. Après 40 ans, j’accueille les enfants des enfants que je gardais. Par exemple, Michael Fellay est venu à ma garderie et aujourd’hui j’accueille sa fille.
Durant les mois de fermeture de la crèche, j’aide aux travaux dans l’exploitation agricole de la famille.
Quelques randonnées en peaux de phoque, du ski, de belles marches dans notre magnifique pays et de beaux moments en famille.