Depuis plus de 25 ans, Michel Darioly organise des concours hippiques en Valais, dans le canton de Vaud et en France. Pendant 19 années, jusqu’à l’été 2022, dernière édition sous sa direction, le Jumping International de Verbier a acquis une renommée qui attire le ghota mondial des cavaliers. Homme de contact, il a tissé des liens d’amitié avec Véronique, Patrick et Michael Fellay, de l’agence immobilière VFP, fidèle sponsor du concours. A bientôt 60 ans, celui qui fut nommé « entrepreneur de l’année » en 2011 n’a rien perdu de son énergie.
Les chevaux ont-ils toujours été une passion ?
Je travaille avec les chevaux depuis mes 15 ans quand je me suis fait virer de l’école. A l’époque, deux choses m’intéressaient, les chevaux et les filles, ce qui n’était pas compatible avec les études. J’ai eu la chance d’avoir des parents agriculteurs qui possédaient une grande ferme et des chevaux. J’ai commencé à m’intéresser aux concours hippiques et à participer en tant que junior tout en travaillant à la ferme. Assez vite, j’ai racheté les écuries et les installations à ma famille. Quelques années plus tard, j’ai construit un nouveau manège et repris un commerce de chevaux qui appartenait à mon père. En parallèle, j’ai commencé il y a plus de 25 ans à organiser des concours hippiques qui sont devenus mon activité principale. D’abord Sion, puis Crans-Montana. J’ai ensuite repris le concours de Verbier. J’ai aussi fait Villars pendant cinq ans et la première année du concours de Megève.
Aujourd’hui, je gère depuis 29 ans le manège de la ville de Sion et j’ai vendu cet été celui de Martigny qui m’appartenait. J’ai aussi donné des cours et entraîné des cavaliers, mais maintenant je ne coache plus que ma fille de 13 ans, Lou.
Quelle est la place du cheval dans votre vie ?
Le cheval a toujours été le centre de mon activité. Le respect, la connaissance, l’amour du cheval sont primordiaux. C’est ce qui a fondé toute ma vie. Evidemment, il faut mettre autour du rationnel, des affaires. Il y a beaucoup de bonheur et aussi de déceptions. J’adore les chevaux, leur parler, les caresser, j’ai l’impression que quand je les touche ils s’apaisent et moi aussi.
Après il y a eu la compétition et l’enseignement qui ont été très importants et aussi le commerce avec la découverte d’un cheval, le travailler et le vendre.
Comment est né le Jumping de Verbier ?
Il a été fondé il y a plus de 27 ans par deux passionnés, Cédric Bruchez et sa sœur Sophie, qui ont donné au concours sa notoriété. Celui-ci a ensuite été dirigé par Sylvain Théodoloz durant six ans, période durant laquelle il a acquis ses lettres de noblesse. Ensuite, mon comité et moi l’avons organisé pendant 19 ans. Aujourd’hui, le concours s’est énormément développé avec un budget de 1,2 million et il s’agit désormais d’un concours international.
Qu’est-ce qui fait la spécificité du concours ?
Ma marque de fabrique est de savoir créer l’ambiance et la convivialité lors des manifestations. Les 90% des spectateurs ne sont pas liés au milieu du cheval. Les gens sont là pour toutes sortes de raisons, pour l’animal, le cadre, les rencontres amicales ou de business. Il arrive que des amis, très joviaux à la fin de la journée, me disent: « C’était génial, mais c’est dommage il n’y avait pas de chevaux aujourd’hui. » Ils n’ont pas regardé passer un seul cheval. Mais je ne suis pas vexé, c’est la preuve que l’on amène un autre style de clientèle. C’est le cas dans tous mes concours, mais surtout à Verbier où tout le monde se mélange.
Le concours se distingue aussi par les cavaliers présents. Verbier est un CSI trois étoiles (le nombre d’étoiles se rapporte au prize money) et le ghota des cavaliers participe aux quatre et cinq étoiles. Nous avons cependant la chance d’avoir des champions olympiques, du monde et d’Europe grâce à l’ambiance incomparable du concours.
Quelles sont les retombées économiques ?
Il y a quelques années, une étude avait été faite par la Haute école de gestion du Valais (HEG) qui estimait les retombées directes à six millions de francs. J’ai une manière plus simple pour voir si le concours a été ou non un succès: la benne à verre ! Si elle déborde c’est qu’il y a eu beaucoup de partage et de convivialité.
Une vision locale constitue-t-elle un élément important dans l’organisation du Jumping ?
C’est essentiel. Il faut impliquer les gens de la région, les commerçants. Tout le monde doit être fier, s’approprier le Jumping. Sur un 1,2 million de budget, 480 000 francs proviennent de subventions de la part de la commune, de la Loterie romande, du Fonds du sport du Valais et du Département de l’économie et de la formation. Le reste vient de sponsoring privé et local. Les deux plus importants sponsors sont la société Coolmore et la famille Polli. Ensuite, il y a de nombreuses sociétés bagnardes dont l’agence VFP, et des particuliers.
Quelle est la place de Verbier dans votre coeur?
Organiser le concours est un privilège. C’est beaucoup, beaucoup de travail et de complications, notamment en matière de normes toujours plus exigeantes. Mais travailler avec le Bagnard et avoir son amitié est un privilège, de même que disposer de ce site extraordinaire pour le concours. A ce sujet, je me souviens d’une anecdote qui datait d’avant que je reprenne le concours. A l’époque, les épreuves commençaient à 7 heures du matin. J’étais assis sur un banc avec Bertrand Darier, qui était un bon cavalier national, et il me dit: « Tu vois, rien que pour cette vue, cela vaut la peine de venir ici. »
Cela étant, l’organisation du concours est compliquée. La place est limitée, on ne sait pas où mettre les écuries. En 19 ans, exception faite de la place de concours, il a fallu changer de très nombreuses fois les plans. Et la priorité doit rester le cheval et les conditions dans lesquelles il est accueilli.
Vos incontournables dans la station ?
Tous les restaurateurs sont mes potes, mais je dirais la Table d’Adrien qui a une vue sur la vallée encore plus belle que celle depuis le concours hippique. C’est un endroit où l’on se sent chez soi.
Il y a aussi Le Dahu de Claude-Alain Besse et Carol Walpen pour sa qualité et sa rigueur et A la Grange de Thierry et Theresa Corthay.
Pour les balades, il y a les hauts de Verbier, mais aussi le village.