Institution à Verbier, le magasin de sport Philippe Roux, qui fêtera ses 50 ans en 2023, s’est développé en même temps que la station. Le magasin écrit une nouvelle page de son histoire avec à sa tête Christophe Roux, représentant de la deuxième génération et champion 2019 du rallye du Valais.
Quelle est l’histoire du magasin ?
Christophe Roux : Mon père, Philippe, a été un skieur puis un pilote de rallye de très haut niveau. Amoureux du sport, il a acheté le magasin en 1973 et il l’a peu à peu agrandi. Le magasin a évolué avec son temps, mais il a toujours gardé son identité familiale. Mon père s’en est occupé avec son ancien directeur pendant plus de 40 ans et maintenant, à bientôt 40 ans, je prends le relais avec Yves Stettler en tant que directeur.
Yves Stettler : A l’époque, c’était une petite boutique avec l’appartement situé au premier étage. Avec les années, il a disparu pour laisser davantage de place pour le magasin qui s’est développé en même temps que Verbier.
C.R. J’ai habité pendant deux ans dans l’appartement, ma chambre était dans ce qui est aujourd’hui le local à bâtons.
Vous êtes spécialisé dans le ski alpin…
C.R. Le ski alpin reste notre créneau numéro un. C’est aussi un sport dans lequel j’ai un passé de sportif de haut niveau. Cela étant, les temps changent et le ski de randonnée a le vent en poupe. Yves est un vrai spécialiste de la randonnée et c’est aussi un ami de longue date avec qui j’avais à cœur de travailler un jour. J’ai tout fait pour qu’on puisse se retrouver et unir nos forces. Maintenant le magasin est autant spécialisé dans le ski alpin que dans le ski de randonnée.
Y.S. Verbier a l’image d’une station axée sur le freeride et tous les magasins proposent un vaste choix de gammes de skis pour le ski hors-piste. Nous nous distinguons en gardant ce créneau du ski alpin et du ski alpin de compétition, ce qui correspond bien aux hivers plutôt pauvres en neige et avec des neiges assez dures. Nous répondons à une clientèle qui a du plaisir à skier sur la piste.
Nous occupons aussi le créneau de la randonnée qui séduit une nouvelle génération composée de personnes de tous les horizons, notamment des habitués du fitness.
Nous soutenons aussi une équipe de cinq coureurs, dont deux font partie de l’équipe suisse. Tous les deux ans, la célèbre Patrouille des Glaciers, dont l’arrivée est à Verbier, nous permet de conseiller et d’équiper tous les férus de cette discipline.
Comment a évolué la clientèle ces vingt dernières années ?
C.R. Verbier est une station haut de gamme, mais elle est aussi sportive et familiale. Nous avons beaucoup de Suisses, qui viennent de partout en Suisse romande, propriétaires de résidences secondaires à Verbier. Il y a aussi de plus en plus d’expatriés. Le plus important pour nous est d’abord de nous occuper de ces familles, par exemple avec le ski club Philippe Roux qui accueille plus de 90 enfants par an.
Y.S. Le taux de skieurs est très important à Verbier par rapport à des stations comme Crans-Montana. Ici, les gens viennent vraiment pour le ski. Il y a aussi deux écoles internationales qui proposent à leurs élèves du ski deux fois par semaine.
Comment fonctionne le ski Team Philippe Roux ?
C.R. Nous avons des forfaits à la saison. Tous les week-ends, le matin et l’après-midi, une équipe gère le ski club. Verbier compte trois ski clubs, ce qui est assez rare. Mais il faut dire qu’ici il y a plus de 300 enfants en plein hiver. Chaque ski club a son style. Celui de Verbier est plus local et plus axé compétition ; le nôtre regroupe plutôt des gens de Genève et du canton de Vaud qui viennent les week-ends. Enfin, il y a le ski club des écoles internationales de la région.
Nous proposons le matériel pour les trois avec beaucoup de locations à la journée.
L’été prend de l’importance en montagne. Comment le gérez-vous ?
C.R. Nous sommes un magasin local, donc nous sommes ouverts à l’année. L’été, nous vendons beaucoup d’accessoires de randonnée, notamment des chaussures. Le e-bike a aussi du succès, mais c’est un peu difficile à gérer pour un magasin de sport car les saisons de e-bike et de ski se chevauchent, ce qui pose la question de la place pour stocker le matériel et aussi de la compétence des collaborateurs.
Tous les sports de balle comme le golf, le tennis, le squash et le padle sont aussi très appréciés en montagne pendant l’été.
Mais nous nous concentrons surtout sur l’hiver. La saison est assez longue à Verbier puisqu’elle commence dès le début d’octobre pour se terminer le 30 avril.
Pendant l’été, nous équipons une quinzaine de jeunes compétiteurs qui s’entraînent entre Saas Fee et Zermatt, ce qui nous garde encore dans la saison de ski !
Comment expliquez-vous l’engouement des sportifs pour Verbier ?
Y.S. C’est un plateau plein sud qui bénéficie d’un maximum de soleil et qui possède des pentes très bien orientées où la neige se conserve bien et où on skie aussi en altitude. Il faut également rendre hommage aux gens qui, dans les années 50 et 60, ont été visionnaires et qui ont développé les remontées mécaniques. A l’époque, on les prenait pour des fous quand ils voulaient installer un télésiège à tel ou tel endroit.
C.R. Verbier bénéficie d’une qualité d’enneigement et d’une préparation des pistes qui sont fabuleuses. On peut utiliser ces forces pendant l’été, par exemple, pour le vélo avec des pistes de descente. On a aussi un cadre exceptionnel. Au sommet du Mont-Fort, on a un terrain de jeu de 3500 mètres à 1500 mètres qui est juste incroyable.
Verbier rime avec passion. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
C.R. On a une chance inouïe. Dès que l’on monte en altitude, à partir de 2000 – 2500 mètres, entre Les Ruinettes et La Chaux, on a une vue vraiment imprenable sur toute la région des Combins.
Y.S. Au sommet du Mont-Fort, on est à peu près à mi-chemin entre le Cervin et le Mont-Blanc, le panorama est magnifique. Je conseille vraiment d’aller l’admirer. Je suis aussi un inconditionnel de la peau de phoque et j’encourage les clients à sortir de Verbier et à aller découvrir la vallée.